Première visite : surprises surprises !

Elle avait gravit l’escalier rapidement, mais en prenant bien garde à ne pas le faire grincer ou craquer. Elle n’aimait pas faire du bruit dans des lieux un peu incertains comme ici. Le bruit produit camouflait les autres bruits, qui pouvaient être suspects ou inhabituels. C’était dangereux.

L’escalier débouchait sur un nouveau couloir. Encore un, long et pourvu de portes closes. Et encore cette décoration qui faisait froid dans le dos, cette lumière qui, passé la première agression due à la clarté trop vive et trop blanche, finissait par vous taper sur les nerfs.

D’ailleurs on dirait que tout ici est fait pour quelqu’un qui les a solides, les nerfs. Il faut être vraiment particulier pour vivre dans cette baraque … Yep ! J’ai hâte de rencontrer cette personne et de la connaître ! J’aimerais vraiment la comprendre… Enfin pour ça ‘faudrait déjà que j’la trouve. Alors, quelle porte ouvrir ? Il y en a tellement…

Une porte, une porte, une porte, une porte… Laquelle choisir ? Et puis est ce que la personne était bien là ? Surement, toutes les lumières étaient allumées… Mais Noé commençait à se demander si elles ne l’étaient pas perpétuellement. Dans le couloir déjà, et même sous les portes, l’on pouvait voir que les pièces n’étaient pas plongées dans l’obscurité. Et très logiquement, il ne pouvait pas y avoir suffisamment de monde pour occuper un maximum de pièces. Le silence lourd et permanent en était bien la preuve.

Noé se remit en marche et parcourut le couloir dans un sens, puis dans l’autre, histoire de voir qu’est ce qui pouvait être la meilleure solution. Quand elle finit par revenir à son point de départ, dos aux escaliers, elle se décida enfin à pousser une porte.

Une cuisine s’ouvrit devant elle. Mais une cuisine qui ressemblait plus à une cuisine de cours qu’à une cuisine de maison traditionnelle. Son hôte était-il détenteur d’une pension ? Noé fronça les sourcils… Elle n’avait jamais entendu parler d’un tel lieu près de chez elle, et n’avait jamais vu un bâtiment sans fenêtres non plus. Et pourtant elle connaissait sa ville et ses environs comme sa poche, étant tout le temps dehors.

C’est de moins en moins clair… Peut être que cette pension est de l’autre côté du Rhin ? Mais si cette personne m’a déplacée pour me mettre en sécurité le temps que je reprenne mes esprits, c’est complètement stupide et inutile !

Dans ses réflexions, la jeune fille fronça les sourcils. Alors ça voudrait peut être dire qu’un malade l’avait effectivement embarquée ?

Ola, dans quoi me suis-je encore fourrée ?!

Noé se repassa une énième fois la main dans les cheveux, le regard un peu perdu zigzaguant dans tous les coins de la cuisine. A cet instant, elle ne savait plus vraiment trop quoi penser… Elle était probablement en danger, mais elle continuait à se dire qu’il fallait qu’elle trouve la personne qui l’avait emmenée ici, pour connaître exactement ses intentions…

Et après tout, je sais me défendre, hein ? Je sais me défendre… Bon, voyons voir ce qu’il y a derrière ces autres portes, peut être trouverais-je enfin ce quelqu’un ?

Elle se redonna un petit sourire de confiance, et ouvrit la porte suivante. Ses yeux s’écarquillèrent quand elle remarqua que la pièce était exactement la même. Elle laissa cette porte pour ouvrir la troisième, pour retomber sur la même cuisine.

Je dois vraiment être dans une pension alors ? Avec cours de cuisine ? Aussi grande ? Bah, soit, après tout, j’y connais rien moi…

La cinquième porte donnait aussi sur une cuisine du même type. Cependant, celle-ci était légèrement différente : quelqu’un y avait manifestement déjeuné à un moment donné, vu qu’il y avait deux-trois paquets ouverts de sortis. Noé y entra alors et se saisit du paquet de biscottes ouvert. Elle regarda autour d’elle avant de se reconcentrer sur la nourriture.
Elle n’aimait pas trop faire ça, mais elle avait faim… Et puis s’il y avait des cours ici et un pensionnat, quelques biscottes en moins ne feraient sûrement pas la différence. Un peu gênée tout de même, elle plongea sa main dans le paquet et en tira une biscotte qu’elle grignota doucement. Elle alla finalement s’asseoir à l’un des grands tabourets face à l’espace de paillasse, posant la boite violette et bleue devant elle.

Noé joua avec la boite et continua tranquillement à manger ses biscottes, oubliant un instant sa condition pour le moins étrange.